NUMÉRIQUE : les journalistes font-ils encore partie des rédactions ?

C’est une question idiote de prime abord. On vous le concède. Moins quand on sait qu’aujourd’hui, mardi 10 juin, la directrice du numérique régional organise un « atelier de réflexion sur l’organisation du numérique dans les rédactions » sans les journalistes, notre titre paraît déjà beaucoup plus idoine.

La liste des invités est pourtant impressionnante. Des rédacteurs en chef, des adjoints numériques, des CEN, des coordinateurs du réseau sont conviés. Sans compter les sommités habituelles de la direction numérique.

Un questionnaire leur a été envoyé pour faire un état des lieux de l’organisation numérique dans les antennes. Pas aux journalistes. Non plus.

Les personnes qui contribuent le plus au web, en temps, en nombre de papiers, sont de facto exclues de ces réflexions cruciales. Qui les concernent, au passage, directement. Horaires décalés, sens au travail, vacations les week-ends.

Pire, ils ne sont même pas informés de cette initiative. À moins de considérer que les journalistes ne font désormais plus partie « des rédactions » ? A priori, renseignement pris, ces derniers pourront être « consultés » via leurs chefs de service afin d’adapter les décisions prises dans cet atelier. Ou pas.

Le moment, trouble, sur le rôle des CEN et l’utilisation des UTS sur le web, est bien choisi pour ce genre d’ostracisme. Bravo. Bien beau signal envoyé à ceux qui, quotidiennement, enrichissent nos sites.

Ne comptons pas trop non plus sur les rédacteurs en chef pour relayer leurs interrogations, pas de doute, ce sera la « voie » officielle qui sera entendue. Celle de la taylorisation du web. Une organisation qui permet la production industrielle des contenus, à l’heure où, avec le changement d’Url, nos audiences numériques prennent l’eau. Quitte à bafouer les métiers, parfois la déontologie, en jouant toujours plus sur la porosité éditoriale : communication, journalisme …

Mais oui, messieurs, dames, les journalistes ont l’esprit critique, c’est chiant. C’est bien pour cela qu’il faut les intégrer à vos discussions.

La CFDT FTV n’ignore pas que les adjoints numériques, les CEN, sont dans une situation difficile du fait de leurs journées très chargées, multitâches, des permanences non reconnues comme telles et un manque de reconnaissance manifeste. Ce ne sont simplement pas les seuls.

Le numérique suppose une vision globale et non plus descendante.

La CFDT FTV demande une vraie remise à plat de l’organisation numérique. Pas de l’entre soi. Avec tous ceux qui y participent.