LIMINAIRE CSE CENTRAL des 11, 12 et 13 décembre 2024. Un moment historique, vraiment ?

Le gouvernement Barnier est tombé la semaine dernière, payant ainsi, entre autres, son incapacité à renouveler une politique rejetée par la majorité des Français. Cette semaine, les députés devaient commencer à travailler sur le projet de loi de création d’une holding rassemblant France Télévisions, Radio France et l’INA, et puis finalement non ; un nouveau « stop and go » qui augmente notre insécurité sociale.

Si la chute du gouvernement bouleverse le calendrier législatif, nous ne baissons pas la garde : les projets de fusion ou de holding sont sans cesse remis sur la table par les gouvernements successifs ou par des parlementaires. Nous le savons, madame la Présidente, vous êtes favorable à ces projets. Vous rêvez d’un audiovisuel public réuni sous une même bannière et sous votre présidence, au motif qu’il serait ainsi plus fort et plus efficient.

En réalité, ces projets ont essentiellement des objectifs financiers : diminuer les coûts, restructurer, mutualiser, et, la réflexion sur notre raison d’être, sur l’avenir des femmes et des hommes qui composent nos entreprises, sur les désirs et les besoins de nos publics, disparaît de plus en plus de l’équation.

Les salariés de France Télévisions veulent travailler, exercer leur métier, dans de bonnes conditions et au service des publics, pas des égos des uns ou des autres. Ils savent que notre entreprise doit rester garante d’une information indépendante et de programmes de qualité, quel que soit le support, linéaire ou numérique.

Ils refusent de voir disparaitre nos moyens internes de production, au profit de ceux des entreprises privées prestataires ; de voir disparaitre ce que vous appelez des « marques », comme France 3 qui devient en région un improbable « ICI », vide de sens, lancé sans aucune étude d’impact ou étude de marché. Les salariés refusent d’être remplacés par des machines qui limitent la créativité et l’imagination. Ils refusent d’être vus comme des privilégiés parce que leur accord collectif serait trop favorable et devrait être revu à la baisse.

Tous les projets des uns et des autres, y compris le vôtre, madame la Présidente, n’ont plus qu’un seul objectif : faire des économies. Nous réduire à un rôle de diffuseur, voire à celui d’éditeur de programmes. Mais si France Télévisions coûte de l’argent, si les frais de personnel pèsent lourd dans la note, nous devons l’assumer. Parce que c’est aussi le prix à payer pour que cette entreprise puisse remplir pleinement sa mission de service public, dans le respect des textes en vigueur. Et ce ne sont pas les salariés qui sont responsables de la situation de l’entreprise, contrairement à ce que l’on veut nous faire croire. Les salariés ont de moins en moins de voix au chapitre, ils ne sont pas décideurs, ils ne sont pas entendus.

Et tous en souffrent, le technicien vidéo qui se voit remplacé par son outil de travail, le journaliste dont le métier est dévalorisé, la scripte surchargée de travail, l’assistante jamais remplacée, le cadre sommé d’exécuter les ordres venus du haut, les salariés de Malakoff qui assistent, impuissants, à la destruction de leur collectif par un déménagement imposé, ceux des Outre-mer qui subissent des réformes de structure toxiques, ceux du réseau France 3 auxquels on prend leur identité, ceux du Siège dont on supprime les éditions, qu’on met à l’écart, qu’on fusionne, qu’on déménage, qu’on malmène depuis des années.

Il parait que mercredi dernier, nous avons assisté à un moment historique, la chute d’un gouvernement après une motion de censure. À France Télévisions, pas de moment historique, simplement, des salariés qui retiennent leur souffle, dans l’attente de la prochaine tempête qui s’abattra sur eux.

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