COMPTE RENDU CSE RÉSEAU F3 – 21 & 22 FEVRIER 2024 : bientôt les JO : la direction s’entraîne à la brasse coulée

Le vide sidéral et une direction perdue dans l’espace, c’est notre liminaire (à lire ICI) !

On démarre ce compte rendu par un constat : nos directions, nationale et régionale, s’entrainent à la brasse coulée : l’essentiel est d’avancer, quitte à boire la tasse en cours de route.

Epreuve numéro 1 : faux départ ! (Voir CR du CSE C -9 février 2024)

Le dernier CSE Central d’abord annoncé comme étant consacrée au plan stratégique de FTV, a finalement été réduit à une simple « feuille de route » sur un PowerPoint.

Une vague ligne de flottaison qui ne présente aucun engagement au-delà de 2024 sauf celui d’économiser 200 millions d’euros. Il s’agit donc d’arriver à rejoindre le bord du bassin, avec un collier de plombs autour du cou !

La direction avoue quand même être consciente de l’épuisement des nageurs, après 10 ans de plan social déguisé à FTV. Oui, peut-être, mais pour autant, on va essayer de ne pas couler.

On en doute. La Présidente souhaite réaliser un audit de productivité. Très bien mais il va falloir évaluer tout le monde, avec les mêmes critères : le national comme les réseaux F3 et Outre-mer (lesquels réseaux sont à l’os et ont déjà fortement contribué aux efforts de productivité et d’économies de FTV), mais aussi toutes les strates supérieures de l’entreprise, tous les « bull shit jobs » qui ont été créés pour nous organiser et nous diriger.  Pas question non plus de ne mesurer que le quantitatif : évaluer la productivité d’une activité ou d’un service qui nage dans le vide, qui est restructuré sans cesse, dont les objectifs sont changeants en permanence, cela ne fait pas de sens.

La direction le sait, oui cette feuille de route aura un impact fort sur le réseau, qu’elle dit vouloir défendre. Là, elle a sorti la tête de l’eau. Mais plouf elle replonge, expliquant qu’elle ne peut pas s’engager sur un budget au-delà de 2024 : les 60 ETP supplémentaires pour le réseau ? Pas d’engagement à les pérenniser après 2024, donc. Mais nos nageurs devront être productifs et exemplaires : « la productivité, c’est une utilisation optimale de nos moyens techniques et humains, pour répondre aux enjeux éditoriaux. L’exemplarité, c’est la qualité de nos programmes pour maintenir la confiance du public ». Parce que ce n’est pas ce que nous, salariés lambda, faisons déjà tous les jours ? 

Accessoirement, on apprend que des audits sont régulièrement réalisés dans le réseau, par exemple le Grand Est fait actuellement l’objet d’une étude sur la productivité des équipes du JT… La direction n’est pas au courant, les élus non plus, et les salariés concernés encore moins. Alors, à quoi va servir cet audit ? Comment en tirer des conclusions et des plans d’actions si tant est qu’on lui reconnaisse une légitimité ?

Les élus réclament aussi que dans la « team » FTV, l’équité soit enfin une vertu – autant que l’exemplarité. Equité entre France 2, les équipes du réseau France 3 et les outremers, équité entre les antennes du réseau, qui contribuent toutes (mais pas avec les mêmes moyens !) à la réalisation de nos missions de service public. Le budget de l’info nationale augmente pour 2024 alors que des éditions sont supprimées. Dans le réseau, les 60 ETP supplémentaires sont largement insuffisants et ne sont pas pérennes. Il y aurait donc, à FTV, des « winners » et des « loosers »?

Epreuve numéro 2 : préparation insuffisante.

La « team » des nageurs du réseau s’échauffe déjà pour cet été, mais ses entraineurs n’ont pas encore arrêté la stratégie. Eric Berg, entraîneur en chef (directeur de l’info des régions) l’avoue : « des arbitrages sont encore en cours avec l’antenne nationale ».

Pour autant, concernant les éditions régionales pendant les JO, on sait déjà :

  • Qu’en semaines 28-29-30, ce sera 35 minutes de JT avec 10 minutes d’interrégional (« Les chemins de France 3 ») fabriqués à tour de rôle par les antennes.
  • Qu’en semaines 33-34-35 : la durée de la tranche info sera réduite à 30 minutes.
  • Et que du 27 juillet au 11 aout, elle passera à 20 minutes avec 5 minutes d’infos nationales. Le jeu des bascules entre France 2 et France 3 décalera aussi le début de nos JTR à 19H30.

Et à midi ? On ne change rien, nous restons à 25 minutes sauf en semaines 31 et 32 où nous passerons à 18 ou 20 Min.

Au vu du grand cafouillage depuis le début des éditions « ICI », Eric Berg veut donner des brassards à son équipe d’entraineurs avec une boite à outil, dans laquelle les rédacteurs en chef pourront puiser afin de mieux « chapitrer » leur JT. Et surtout placer des points de repère pour nos téléspectateurs. Sinon, les pauvres risquent de définitivement sombrer !

Mais… une question nous taraude. Les salariés du réseau, et nos téléspectateurs sont incorporés de force dans l’équipe de nageurs de FTV, alors qu’une diffusion des épreuves sur France 4 à l’heure de nos JT aurait été possible. D’ailleurs, France 4 ne devait-elle pas être « la chaine olympique » de FTV ?

La direction explique que le « volume » à diffuser nous impose de mobiliser les créneaux du réseau régional… Explication qui ne nous convainc pas.

Y aura-t-il des JT communs ? Y en aura-t-il plus que ceux qui nous sont déjà imposés dans certaines régions ? La direction affirme que ce n’est pas son souhait, que c’est à la main des directions régionales, qu’il n’y a pas de consignes…

Et comment traiter les actus « imprévisibles » et importantes, sans créneaux pour les diffuser ? Sans moyens suffisants ? « Toutes les équipes seront mobilisées, on fera des « break » avec France Info, et les équipes seront redirigées ».

Par ailleurs, 10 équipes régionales ont été accréditées pour répondre aux demandes des antennes qui souhaitent le tournage de sujets « JO » pour leur JT.

Epreuve numéro 3 : on s’approche de la noyade.

Epreuve de brasse coulée, on continue. Avec, dans le bassin, la direction immobilière de FTV et le projet de déménagement de l’antenne de Bordeaux.

A Bordeaux, FTV s’associe à deux promoteurs immobiliers pour l’acquisition et la réhabilitation d’un bâtiment au centre-ville.

A Bordeaux, FTV s’associe à deux promoteurs immobiliers pour l’acquisition et la réhabilitation d’un bâtiment au centre-ville. Après une première présentation du projet en décembre, les élus avaient diligenté une expertise dont les conclusions sont à l’ordre du jour de ce CSE. Selon la direction, il s’agirait d’un bâtiment datant de la fin des années 60, bien desservi par les transports en commun, d’environ 6000m². Radio France rejoindrait sur site les équipes de France3, de La Fabrique et de l’INA.   63 places de stationnement sont actuellement disponibles en sous-sol et 40 en aérien, qui seront sans doute à partager.  

Le site sera libéré en octobre 2026. Et les travaux de réhabilitation devraient être terminés fin 2028.

Handicap N°1: ils nageront le ventre vide.

Un espace restauration est prévu mais sans cuisine. Ce sera donc « frigos connectés » puisque, nous nous en souvenons, le directeur de l’immobilier de FTV estime que « les cantines, c’est pour les vieux » (phrase entendue lors du débat sur le déménagement d’Antibes). Les salariés bordelais (80 % des répondants à un sondage du CSE demandent un restaurant d’entreprise) sont donc priés d’être modernes.

La CFDT assume sa ringardise et reste sceptique quant à cette cantine digitale. L’heure

n’est plus à la nourriture industrielle, et le manque de convivialité, de lien social, ajouté au dogme du Flex-office imposé impactent la santé des salariés.

Alors, combien ça va coûter ? Nos experts estiment que la mise en conformité du site nécessiterait un investissement de 35 millions d’euros, pour 200 à 220 salariés.

FTV souhaite vendre le bâtiment actuel de l’antenne, mais problème : la valeur de l’ensemble immobilier a fortement diminué entre 2019 et aujourd’hui, et n’atteindrait plus que 6 à 12 millions d’euros (estimation 2019 : env. 20 millions d’euros).

Un gros investissement alors que la rénovation du site actuel couterait quelques 15 millions d’euros selon les élus, 22 millions selon la direction, qui met en avant le fait que les travaux dureraient 3 ou 4 ans en site « occupé ».

Mais on comprend finalement que l’abandon des bâtiments historiques et de leur rénovation est un dogme du directeur de l’immobilier de FTV : à chaque présentation de projet immobilier, il explique qu’il « ne rénove pas de bâtiments ».

Handicap N°2: ils nageront parmi les requins.

FTV va signer un contrat avec Vinci. Vinci dont on connait le poids lors de négociations, et l’adresse dans la rédaction de contrats « pièges » pour ses partenaires… Face à cet athlète sur entrainé, la direction, elle, ne nous dit « même pas peur » : parce qu’un contrat doit être respecté. Bien sûr, encore faut-il que le contrat et ses clauses ne se retournent pas contre FTV.

Tricher, c’est pas bien, mais quand on est bien conseillé – et Vinci l’est ! – on peut toujours interpréter les règles, rétorquent les élus.

Handicap N°3: ils nageront dans une pataugeoire.

La hauteur sous plafonds de 4,26 semble insuffisante pour implanter des studios. Pas de problème, selon la direction, on pourra remédier à ce problème. Le directeur de l’exploitation du réseau F3 explique : « la façon dont on fabrique évolue et la hauteur n’est plus nécessaire. Des équipements permettent aujourd’hui de fabriquer dans des hauteurs sous plafonds plus restreintes. On estime qu’à 3m 80 on arrive à faire un éclairage professionnel ».

Et si Bordeaux perd un studio (la station en a 3 actuellement, le projet n’en prévoit que 2), pas grave non plus selon la direction : les 2 studios permettraient de faire ce qu’on fabrique dans 3 studios actuellement.

La direction explique que les équipes pourront rejoindre plus facilement les lieux de tournage bordelais. Euh, comment dire… depuis quand l’antenne de Bordeaux est-elle une TV urbaine, de préfecture ?

Le CSE a interrogé les salariés bordelais sur leurs usages, et 63% d’entre eux disent utiliser leur véhicule personnel pour se rendre au travail ; 37 % se déplacent à vélo, seuls 17% utilisent les transports en commun.

La direction table sur une évolution, d’ici à 4 ans, de l’offre de transports en commun à Bordeaux.

Nous lui rappelons gentiment que nous aussi, à 8 ans, on croyait qu’en l’an 2000, les voitures allaient voler. On attend toujours.

Enfin, un « petit » rappel : la mission de FTV n’est pas de gérer un patrimoine immobilier, mais de créer des programmes audiovisuels. Il semble donc totalement incongru que le directeur de l’immobilier prenne seul des décisions qui impactent notre mission.

Et puis, les élus s’interrogent : les nageurs de l’INA doivent intégrer ce grand bassin commun – mais ils s’entrainent actuellement à Toulouse, et ne sont pas au courant de ce déménagement !

Mais on n’en est qu’à l’entrainement, et on ne sait même pas si l’épreuve aura bien lieu : il faut que le projet de FTV soit sélectionné pour l’achat du bâtiment, il doit être validé par le conseil d’administration de FTV, il intègre le rapprochement avec France Bleu qui n’est pas une réalité pour le moment…

Heureusement, le Directeur Régional de Nouvelle Aquitaine pense un peu plus loin : lui, perdre un studio, ça a l’air de le chiffonner. Supprimer la restauration d’entreprise et la convivialité, ça le chagrine aussi.

Alors saluons sa franchise et espérons que la voix de l’entraineur local de l’équipe bordelaise sera entendue et écoutée.

Epreuve numéro 4 : la douche froide.

Ce n’est pas agréable mais c’est bon pour la santé !

Voir CR CSSCT (Commission santé, sécurité, conditions de travail)

Absentéisme : au-delà des chiffres (et des chiffres, il y en a plein, les RP nageurs se noient même dans les tableaux fournis), quid de leur analyse ? Trop souvent, ils sont simplement expliqués par une épidémie quelle qu’elle soit, par l’existence d’arrêts longs qui impacteraient les statistiques, etc. Mais jamais on ne questionne les organisations de travail, les relations inter personnelles, le management ou le sens au travail. Les élus demandent qu’enfin, un travail sérieux d’analyse soit mené, en local.

Par exemple : un accident du travail survient, on doit faire un arbre des causes, une enquête. Mais dans le réseau, cette obligation n’est pas respectée !

Autre exemple : bon nombre de managers ne sont pas formés aux problématiques de santé et de prévention. Des modules sur le sujet existent maintenant dans le cadre de la formation « encadrement », mais les managers plus anciens sur ces postes ne les ont pas suivis. Ou encore, les CDD du vivier encadrement y ont-ils accès ?

La direction explique qu’elle n’est pas inactive : webinaires pour les IRH, interventions du pilotage social en instance de proximité pour expliquer les chiffres… Mais pour devenir un champion, il faut s’entrainer longtemps.

Nous constatons quand même que la direction est bien plus indulgente quand c’est un encadrant qui a un problème de compétences ou de comportement. Quand le cadre est « coaché », le salarié lambda, lui, est trop souvent sanctionné.

Et comme de fil en aiguille, on en vient à s’interroger sur les rédacteurs en chef adjoint, sur les vacances de poste, sur les arrêts maladie dans cette population, sur les critères de recrutement et de nomination, leur formation, etc… Nous proposons l’inscription d’un point sur ces sujets à l’ordre du jour d’un prochain CSE – proposition acceptée par la direction.

Le CI Ortf annonce, pour 2024, 3,8M€ d’investissement, consacrés à l’entretien, aux mises aux normes et à l’amélioration des centres de vacances.

Avec un gros budget pour Lalinde, qui développe des éco-habitats et doit financer la réfection du restaurant. À Hauteluce, c’est la salle de restauration qui fera l’objet de travaux. À L’Isle-Jourdain, agrandissement de la piscine, et réfection de la toiture sont au programme, à Val Louron et Beg Meil, rachetés à TDF pour respectivement 600.000 euros et 4 millions d’euros, l’entretien et la mise aux normes doivent être financés ! Tous ces postes de dépenses expliquent une augmentation des tarifs du CI ORTF.

Le CI a également discuté avec le CSE de TDF sur la participation de celui-ci au CI, afin de permettre aux salariés et retraités de TDF de bénéficier des offres, sans aboutir pour le moment.

Et un rappel : pour accéder à la plate-forme internet du CI pour s’inscrire, le CSE du réseau fourni un code, qui permet d’accéder à la création d’un compte sur la plateforme. Mais attention, ne pas indiquer d’adresse FTV, mais une adresse perso : FTV bloque l’accès à la messagerie FTV !

Prochain CSE les 20 et 21 mars 2024

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                        Votre représentante syndicale et vos élus Cfdt :

                                     Séverine Dangin, Metz ; Pascal Lefebvre, Lille ; Bruno Espalieu, Lille ;Nicolas Marousez, Amiens ; Yvonne Roehrig, Strasbourg ; Olivier Mélinand, Brest ; Pascal Duquenne, La Fabrique Nord.