On a perdu notre grigri, celui qui faisait de nous l’employeur idéal pour des générations de jeunes techniciens, d’administratif, de journalistes. Celui qui leur mettait des étoiles dans les yeux, leur permettait de travailler sur des projets créatifs, de développer leurs compétences, de s’épanouir au service d’une mission d’intérêt général.
France Télévisions n’a plus le Mojo.
Regardez les recrutements : quand un poste est publié, depuis quelques années, on compte les candidats sur les doigts d’une main. Voire, zéro candidat.
Regardez notre GPEPP : un bel accord mais pour quoi faire? Pourquoi attendre sur les métiers en décroissance et en tension? Faudra-t-il attendre un nouveau crash à l’image de celui des scriptes de France 3.
Regardez nos organisations du travail : elles sont synonymes de « toujours plus » ; toujours plus de travail sur des amplitudes journalières augmentées ; toujours plus de manipulations dont le sens nous échappe trop souvent, sur des logiciels.
Regardez nos projets immobiliers : nos futurs lieux de travail sont déshumanisés, rationnalisés, connectés. La convivialité est organisée, les bureaux sont partagés, les surfaces diminuées.
Nos offres d’emploi ? Pour travailler à FTV, il faut « être résistant au stress » – voilà ce qui est mis en avant. Pas nos métiers, notre activité, l’ambiance de travail, les avantages sociaux.
France Télévisions n’a plus le Mojo.
ICI / Tempo est imposé au réseau France 3, qui dénonce cette pseudo régionalisation et la dégradation des conditions de travail des salariés. La grève de ces dernières semaines exprime tout cela, et encore plus : le réseau souffre depuis des années et personne ne bouge.
ICI / Tempo, c’est aussi la suppression des éditions nationales de la 3 ; et ceux qui travaillaient pour ces éditions ont perdu le sens de leur travail.
France 3 toutes régions est en grève. Pourquoi ? Surcharge de travail, manque de reconnaissance…
Le Centre de Diffusion au siège est en grève. Pourquoi ? Une nouvelle interprétation de l’accord de 2013 dix ans plus tard, alors que tout fonctionnait, pour une planification du personnel à la baguette au détriment de la santé, de l’équilibre vie professionnelle / vie personnelle…
Pourquoi cette volonté de changer ce qui marche? Quel est le problème ? En quoi votre volonté de modifier le mode actuel de planification répond aux problèmes que vous n’expliquez pas?
En Outre-Mer, aux problèmes matériels et humains, la direction répond par des modifications de structure, des mouvements de cadres et de directeurs, comme si cela allait améliorer le sort de nos collègues ultramarins pour leurs missions.
Pour la Cfdt, une réorganisation ça s’explique : quel est le problème posé? En quoi le projet résout ce problème? Comment accompagnez-vous ces changements? C’est bien ça qui nous intéresse. Vos réorganisations, à l’image de celle des équipes légères de la fabrique, ne répondent pas à ces questions. En quoi le fait de changer de service les salariés résoudra les problèmes liés à la sous-activité?
Et il y a tous ceux qu’on n’entend jamais : les personnels administratifs, ceux des fonctions « support », malmenés, réorganisés, restructurés, effacés.
France Télévisions n’a plus le Mojo. France Télévisions ne fait plus rêver. Nulle part.