Rapprochement avec France Bleu : la fin de France 3 ?

Disons oui, que ce n’était pas une surprise. Qu’il y avait eu cette note, fortuitement « tombée du camion » l’année dernière, et qui nous avait émus. Sibyle Veil et Delphine Ernotte construisant les bases d’un rapprochement France Bleu/ France 3 de façon pragmatique et dérobée. A l’époque, souvenez-vous, la direction du réseau avait nié ces informations.

Disons oui, que là, cette dernière ne peut plus cacher le plan. La communication de notre présidente, tombée, elle, dans nos boîtes mails cette semaine, va finalement dans ce sens. Marque commune, coordination éditoriale, rapprochement immobilier, directions communes.

Baleine sous gravier

Ce qui est plus étonnant, voire dérangeant, c’est le décalage entre ce que nous entendons de nos collègues de France Bleu et ce qui est dit, officiellement, chez nous.

Car, ce qui a été annoncé par la direction de France Bleu à nos confrères de Picardie, le 10 octobre dernier, ressemble davantage à une fusion qu’à un simple rapprochement.

  • Intervention des journalistes radio dans nos programmes d’information et a contrario celle des journalistes TV dans les matinales.
  • Une charte éditoriale commune à Ici TV et Ici Radio. Remarquez que notre marque France 3 a disparu.
  • Au niveau du web : À France Bleu, l’actu chaude. À nous la froide. Quand on voit la « coordination » sur notre site Ici, oui, effectivement, ça fait froid dans le dos.
  • Un programme commun de divertissement
  • Interdiction des doublons France Bleu / France 3 en conférence de presse. Qui fera l’image si France Bleu y va ?
  • Calendrier : 1er trimestre 2024, élaboration du projet pour un lancement de la marque ICI dans 18 mois.

Là oui c’est du concret. Tellement que France Bleu ne s’occuperait déjà plus que de l’actu chaude sur ses sites web et elle utilise OpenMédia … depuis six ans. Il y a comme qui dirait baleine sous gravier.

Autruche

Devant notre émoi en CSE, le directeur du réseau, Philippe Martinetti, campe sur une jambe. Il fait l’autruche.

« L’idée, c’est de renforcer les coopérations éditoriales côté antennes et programmes : évènementiels en commun, simulcast dans les cases régionales en sports, culture. Nous allons renforcer aussi le maillage de diffusion. Là où nous avons 24 zones de diffusion aujourd’hui nous en aurons 44. Sur le numérique on va aussi renforcer les évènementiels en commun et éviter les doublons.»

Quant à la marque commune ? «  Nous travaillons sur un renforcement de la marque ICI. Le travail est en cours, je ne sais pas si on va oublier la marque France 3. Tous les scénarios sont possibles. »

Il s’abstiendra, par ailleurs, de commenter les annonces faites au réseau France Bleu « ce n’est pas mon travail ». Dommage.

Nous, pourtant, serions-nous visionnaires, on sent déjà ce qui va nous tomber sur le bec. Pas compliqué, il suffit de regarder vers les Outre-mer.

Raie Manta

Là-bas, dans les chaines 1ères de plein exercice, les journalistes font du web, de la radio et de la télé sous la même bannière, la même marque. Indifféremment. «  Ça peut être une source d’inspiration. C’est pertinent. On travaille sur un projet éditorial, un écosystème autour de ces trois médias. Les moyens, ça vient après ».

Alors, quand notre directeur se lance dans sa dernière tirade, on a la larme à l’œil. « Nous dessinons un cap, un chemin,  tout est à construire avec vous. Je ne peux vous dire ce que sera 2027.» On courbe l’échine, façon raie Manta.

Construire avec nous ? Comme le projet Tempo peut-être, pour lequel nos voix, les vôtres, n’ont jamais été entendues et dont on voit déjà les résultats catastrophiques ?

2027, c’est vrai, on ne sait pas non plus.

2024, par contre, avec ce projet qui tombe au plus mauvais moment pour le réseau, sera : un désastre.


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