Tempo : Requiem pour France 3 National

C’est un projet. Un pré-projet, même : quelques slides présentées en CSE C, quelques infos seulement mais déjà des questions et surtout de fortes inquiétudes, des oppositions et des divisions entre le national, légitimement révolté par le projet, et le régional, qui peut y voir une opportunité de développement. Unemise à mort des éditions nationales de France 3, 12/13 et 19/20, un nouveau projet pour les antennes du réseau F3. La direction oppose donc les intérêts des uns et des autres, le développement des uns versus la fin des autres.

Tempo, c’est le 12/13 et le 19/20 de la Rédaction Nationale décapités. La disparition des 2 éditions nationales, dont les journalistes devraient alimenter les antennes régionales en sujets et rushes. Elles  diffuseront, à compter de septembre 2023, un journal d’une heure sur le créneau du 12/13 et du 19/20, « ICI Midi » et « ICI soir » : de l’information locale, régionale, nationale et internationale ; ce qui fût une belle et grande rédaction nationale il y a encore quelques années est condamnée à devenir au mieux, une agence de presse, au pire, un « robinet à sujets, à ITW et à images ».

Un projet purement éditorial nous dit-on. Qui supprime, après plus de 30 ans d’existence, des JT nationaux de France 3. On peut y voir une conséquence, peut-être préméditée, de la fusion des rédactions nationales. De la stratégie mise en œuvre ces dernières années pour priver  l’ex rédaction de la 3  de sa raison d’être: moins de reportages pour les journalistes issus de la 3, des sujets reboutiqués, des sujets tournés par petits bouts…

Un projet qui, toujours selon la direction, n’aurait pas pour objectif de réduire les effectifs ni à faire des économies.

Tempo, pour le moment, c’est une idée : régionaliser la présentation de l’information internationale, nationale, régionale. En la confiant aux JT régionaux, construits à partir de reportages fabriqués par les équipes de l’info nationale et sur des sujets internationaux et nationaux (modules, reportages d’actu ou dossiers de fond), par France Info pour l’actu « chaude », et par les journalistes de l’antenne pour les reportages régionaux et locaux. Chaque antenne créerait, à partir de tous ces éléments, son propre JT, en tenant compte de la nécessité de traiter de l’actu de l’international au local. Le national, lui, coordonnerait, proposerait, fournirait : une agence de presse qui fabriquerait des sujets d’actu, mais aussi du fond, de l’enquête, de l’investigation.

Un peu plus d’un an pour monter un tel projet, c’est court. Surtout quand il suscite autant de rejet. Autant de questions : Va-t-on introduire dans les JT régionaux des sujets fabriqués par France Info, selon des process qui ne sont pas les nôtres et que nous refusons ? Les journalistes des éditions nationales de la 3 ne risquent-ils pas de voir, à terme, leur activité transférée à l’agence de presse de FTV Studio, fort opportunément crée il y a quelques mois dans le but de fournir les émissions de flux et les magazines de FTV en sujets, enquêtes, dossiers ? Que deviennent les techniciens du siège, qui travaillent pour les éditions du 12/13 et du 19/20 au national ? Créer ces nouveaux JT régionaux, est-ce aussi nous imposer à tous de nouvelles méthodes de travail, de nouveaux outils, des polyvalences, au nom de l’efficacité ?

La suppression des éditions d’information nationale de la 3, après la fin du Soir 3 est un appauvrissement de l’offre d’information sur les chaines nationales de FTV.

Les téléspectateurs,  fidèles aux éditions nationales de la 3 comme aux journaux régionaux, seront, finalement, les seuls juges de la réussite des projets de la direction.


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