Sondage communication FTV : dessine-moi un mouton !

Un paysage champêtre, des coquelicots caressés par une douce brise printanière. Et cette légende tout aussi poétique : « Dessinons ensemble notre raison d’être. »

Vous l’avez sans doute vue, sûrement vous a-t-elle fait rire jaune. La dernière communication nationale FTV. Celle de trop.

Marre de ces jardins zen, de ces tapis de fleurs, de ces injonctions à rêver, à se faire masser, à imaginer, à se détendre, à être heureux. Des images d’Epinal quand à Strasbourg, au siège, à Nouméa, on souffre, on stresse, on est discriminés salarialement, exortés à être créatifs pour produire plus à moindre coût. Toujours plus, avec toujours moins.

De la communication, du vent tiède et lénifiant, tout droit issue du Chief Happiness Officer de France Télévisions. Une provocation en ces temps particulièrement sombres. Car les gens de terrain, en bas là, sur le plancher des vaches, en bavent salement. Ruminent.

Mais enfin, Descendez de votre nuage !

Certes la loi PACTE (Plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises) invite les entreprises à définir leur « raison d’être ». Mais notre raison d’être c’est tout simplement d’exercer nos métiers au service de nos publics. Dans de bonnes conditions. Pour garantir la qualité, sur la forme comme sur le fond.

Et pas de les brader comme la direction entend le faire, on le voit bien, durant les négociations de l’espace métier. Pas de les salir quand les journalistes font les pitres dans les 18H30 du réseau régional de France 3. Pas de les emmêler quand on fait 13mn avec des bouts de ficelle, de la sueur et oui des larmes.

Oui nous rêvons. De proposer des projets ambitieux et intelligents à nos téléspectateurs. De trouver le bonheur dans des contenus dont nous serons fiers. Le bonheur au travail passe d’abord par ça : le travail. Etrange non ?

Ce qui se dessine pour nous, ce sont des moutons : polyvalents, interchangeables.

Tous journalistes, tous monteurs, tous scriptes, vidéo, assistants(es) administratifs (ves), OPS ou OPV. Tous « rien », bêlant de bonheur dans un champ de coquelicots inodores ?

Prêts à passer, dociles et aveugles, sous la machine à emboutir.


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