CSE Réseau France 3 26-27 nov. et 4 déc. : Mais on fait quoi, mais on va où?

Notre liminaire… La bouche pleine de mots pour parler de régionalisation, mais le portefeuille est vide, les UTS et le respect des règles de FTV, l’organigramme du réseau qui se fait attendre… c’est à lire ici !

NewsRoom Computer System et OpenMedia: attention, on déploie !

Ou plutôt, on aimerait bien déployer. Ces dernières semaines, l’instabilité de l’outil OpenMedia a empêché la mise en œuvre des formations, qui n’ont finalement pu démarrer qu’avec du retard, mi-novembre, au siège d’abord. Le confinement impose la formation à distance, moins efficace… Mais faut avancer, on a un calendrier à tenir, explique la direction. Un calendrier à aménager, puisque les élections régionales au deuxième semestre 2021 viennent chambouler tout cela : au siège, IDF et le national se partagent la Régie 4, il ne faudrait pas que des bugs de l’outil viennent perturber la diffusion !

Première région concernée par le système : Paris-Ile-de-France, station régionale installée maintenant au siège, et qui a toujours connu des modes de fonctionnement différents des autres antennes régionales. NewsBoard va y être déployé et OpenMedia remplacera le logiciel Gilda, devenu obsolète.

OpenMedia est censé faciliter les échanges et doit s’adapter aux demandes éditoriales. Le système n’aura pas, selon la direction, d’impacts sur l’activité ni même sur les métiers enfin pas dans un premier temps car évidemment « Il pourra y en avoir pour la suite. »

Et IDF pourra toujours « communiquer » avec le reste du réseau régional… grâce à IV3.

Juré promis, ce n’est qu’un nouvel outil, un « nouvel outil top » qui plus est.  Les élus sont toutefois inquiets : jusqu’à présent, plus un outil est « top » plus il sert de prétexte pour imposer ou essayer de faire évoluer nos pratiques professionnelles !

Donc, « Y’a pas de changements, fondamentaux », on ne nous la fait plus, ça non ? Le diable se cache dans les détails pas dans les fondements…. Si les organisations du travail sont modifiées, ce ne serait pas lié à l’outil nous ressasse-t-on. Ha voilà. Simplement, il faudra s’adapter – dit la direction.

Et l’outil, il peut évoluer ?

Le fournisseur le garantit : c’est l’avantage de travailler avec un fournisseur qui propose un outil « commun sur le marché européen », régulièrement mis à jour. Pour les technophiles, c’est la dernière version 4.4 qui sera installée chez nous, et des mises à jour majeures sont possibles une fois par an.

L’intégration de l’outil à la régie automatisée est prévue, une fois que l’expérimentation à Rouen sera terminée.

Le CSE Central a diligenté une expertise sur le NRCS ; les élus du réseau régional se joignent à cette expertise pour étudier plus précisément le déploiement par phases de l’outil dans le réseau, avec ses conséquences sur l’activité et les métiers (notre résolution est à lire ici).

Charte téléphonie mobile : non mais allô quoi ?!

Le CSE est consulté sur le projet de charte de téléphonie mobile proposé par la direction. En effet, en 2021, c’est téléphone mobile pour tous, la direction lance un programme d’équipement de salariés en téléphone moyenne gamme, avec un abonnement… essentiellement pour télécharger les appli métiers et pour encourager notre « agilité numérique » : c’est « un téléphone pour tous », tout un programme …. Acrobatique.

En attendant, les élus ont mis le doigt sur les lacunes de la charte proposée et ont posé beaucoup de questions : protection des sources pour les journalistes, utilisation de ces téléphones pour tous et par tous surtout pour tourner des images diffusées ensuite ? Ouverture du dispositif aux CDD (seuls les « longue durée – 6 mois de contrat – pourraient en bénéficier selon la proposition de la direction) ? Protection de la confidentialité des conversations des élus ? Quelle utilisation à titre personnel de ce téléphone ? Quelles conséquences d’un refus de la part du salarié ?

La direction a tenté de répondre, mais elle ne nous a pas toujours convaincus. Même si nous ne pensons pas sérieusement (Si ?) que des images tournées par un journaliste ou un PTA – hors actu brûlante bien entendu – avec un téléphone moyenne gamme puissent être diffusées à l’antenne, nous restons méfiants : finalement, quel est l’objectif de tout cela ?

Faire des salariés de FTV des nomades, reliés à la galaxie FTV via des applis sur un téléphone ? Du genre, on fait tout de chez soi, on ne se parle plus, on ne va plus au bureau ? De la science-fiction, on l’espère.

(L’avis du CSE est à lire ici)

Commission Antennes : tu fais quoi à la rentrée ?

Ben on ne sait pas. En tout cas, la nouvelle directrice de l’info du réseau, Valérie Giacomello, ne sait pas. « Nous sommes encore dans la phase de construction, on verra les détails de la mise en œuvre après ». Pas de panique, le 25 janvier ce n’est que dans un gros … mois.

Ce qu’on sait, c’est qu’on va devoir fabriquer 7 mn de plus avant le JT midi et 13 mn avant celui du soir. En mobilisant des ressources internes… ou en rediffusant.

La future tranche 18h30 sera confiée aux rédactions, qui en disposent puisqu’aucun cadre ne sera imposé (… en réalité, ce n’est pas tout à fait le cas : « Paris » a des exigences comme l’utilisation du plateau JT par exemple) ; certaines antennes coopéreront à l’échelle de la grande région, d’autres tentent l’aventure en solo…

On apprend quand même des choses : selon Germain Dagognet, le directeur de la régionalisation de France Télévisions, pas d’inquiétudes à avoir, on dégagera des « moyens » grâce aux régies automatisées. On va faire, oui messieurs dames « des gains de productivité. » Un vrai travail à la chaîne … info.

Des « moyens », donc des « hommes » (et des femmes), qui, si on comprend bien, changeraient de métier (ou pas, il y a les compétences complémentaires qui permettent de faire tout et n’importe quoi et en même temps s’il le faut…) – BFM le fait bien dans certaines villes, alors pourquoi pas nous…

Non mais sérieux, là ? Ben oui. Sérieux. Il ne rigole pas. Et de préciser que les chaînes info utilisent les UTS parce que moins intrusifs et plus légers, « en solo oui, c’est mieux dans certains cas », OK. Mais nous, là, on est le réseau régional de France 3. Pas une chaîne info qui diffuse des images et du son crados en boucle.

Valérie Giacomello annonce que la réflexion dans les antennes doit avoir abouti pour le 15 décembre. Entre le 4 et 24 janvier des numéros zéro devraient être mis en route. Pour un démarrage en vrai le 25 janvier. Et elle précise que pour tourner les « produits » diffusés dans ces nouveaux créneaux, « en effet les UTS ne sont pas la panacée, il y a aussi des steadycam, des drones …ce ne sont que des outils au service d’une narration ».

Une narration. Oui c’est clair là on nous raconte de sacrées histoires. A dormir debout !

Des histoires faites maison : pas de coproduction ni rediffusion de coproductions. Non, des histoires informatives (oui quand même) avec le « sourire », du journalisme « de solution ».

Nous, là, non décidément, on ne la voit pas la solution. Ou si, tiens. Faire notre métier. Le journalisme tout court. De la belle ouvrage, recherchée, fouillée, construite, qui explique, apprend, questionne… et qui demande du temps. Pas des sourires.

Le directeur du réseau, François Desnoyers, apporte sa pierre à l’édifice même pas encore monté : « La proximité doit se décliner de manière différente. En télévision et sur le web nous devons être plus proches du public. Via Stella (Corse) et NoA (Nouvelle Aquitaine) peuvent servir de références, nous ne partons pas de rien. Ce sont des équations moyens / savoir-faire / audience qu’il faut regarder ». Et de s’énerver « Depuis le début du CSE, je n’entends parler que de moyens ou d’outils mais jamais de téléspectateur, de public, c’est quand même pas croyable.»

Ce qui n’est pas croyable, n’en déplaise à M. Desnoyers, c’est de répondre aux attentes du public sans y mettre les moyens. A moins que ce ne soient des attentes au rabais.

Et le nouveau directeur des programmes du réseau, Philippe Martinetti, de préciser : « le choix de la régionalisation doit se penser dans les Antennes comme un projet global, pas tant que pour « remplir des cases ». Nous devons proposer une offre d’évènements culturels et sportifs, d’autant que ces secteurs ont pâti de la crise sanitaire ».

Bon. On nous parle de BFM et de France Info, d’UTS et de gains de productivité… Mais rien sur l’éditorial. Mais « en même temps », on nous jure que c’est bien l’éditorial qui imposera les moyens et ressources, et pas l’inverse. C’est tellement tarabiscoté qu’on ne sait plus ce qu’il faut croire. Ou plutôt, on le sait trop bien. Hélas.

Emploi, formation, santé au travail : quelle anticipation ?

Une partie de ce CSE devait permettre de faire le point sur l’emploi, la formation et la santé au travail… Mais c’était mission impossible pour les élus : documents arrivés tardivement et en masse (pour les 23 antennes du réseau !), manque de données importantes pour comprendre… C’est pas sérieux. D’autant que les élus ont, pendant toute la crise sanitaire, toujours répondu présent quand la direction les a sollicités, les réunions ordinaires et extraordinaires ont pu se tenir, les élus ont remonté des informations « terrain », revendiqué mais en tenant compte des contraintes de la direction et de la situation exceptionnelle…

Tout ça pour être traités comme des guignols. Des clowns. Non là vraiment le sourire on n’y arrive pas. Les élus ont rendu des avis sévères lors des consultations obligatoires du CSE.

Emploi – Formation : c’est quoi le plan ?

La commission Emploi-Formation du CSE l’a dit au cours de cette instance, il lui manque une donnée essentielle pour se projeter sur 2021 : comment FTV va traduire ses ambitions définies en 2018 ? Quels sont les projets qui sont censés transformer l’entreprise ? Quelle est son « orientation stratégique » ?

Ah, questions existentielles !

Réponse : « Nous allons négocier avec les Organisations Syndicales dès le premier trimestre 2021 » indique le DRH du réseau.

Mais comment concevoir un « Plan de Développement des Compétences », ou la répartition des postes à la suite des départs des salariés ?

Et bien, « une partie du budget permet de nous ajuster au fil de l’eau » explique la Direction. Décidément, en ce moment, on aime l’improvisation à FTV.

Naviguer au fil de l’eau, c’est peut-être aussi naviguer à vue sans anticiper les évolutions de carrière des salariés, qui devraient être discutées lors des entretiens professionnels (quand ceux-ci ont bien lieu…). Et à force de barboter, on se contente d’inscrire les salariés aux formations nécessaires pour adapter leurs compétences au poste de travail.

(Pour lire le compte-rendu de la commission : C’est ici.)

Santé au travail : c’est pas la pêche.

C’est même grave.

  • L’absentéisme atteint des niveaux très inquiétants, avec plus de 7 % au sein du réseau France3 ; dans les entreprises françaises, il atteint en moyenne 5,11%…
  • Les alertes pour « Danger Grave » se multiplient, mais la manière d’appréhender et de réduire les risques professionnels n’est pas à la hauteur dans nos Antennes.
  • Les documents censés identifier les risques d’accident de manière exhaustive Antenne par Antenne ne sont pas tous mis à jour (en dehors des mesures de protection contre la COVID19), même si nous notons une meilleure évaluation des risques d’accidents grâce à la participation de salariés.

Alors qu’on pouvait penser que les Plans d’action d’améliorations des conditions de travail prendraient en compte les projets annoncés par la direction pour 2021… Et bien il n’en est rien, pour ce qui est de la grande majorité d’entre eux. On attendra que ça nous tombe dessus, et on avisera. Voilà.

Régionalisation, nouvelles régies, nouveaux serveurs, et les éventuels Risques Psycho Sociaux qui vont avec… Tout cela n’existe pas dans le monde merveilleux du Plan d’action d’amélioration des conditions de travail…

Les élus du CSE votent un avis négatif, qui sera envoyé CSE Central, au Conseil d’Administration de FTV et à l’Inspection du Travail.

[lien vers la résolution SSCT]

Prochain CSE, en visioconférence, les 17 et 18 décembre 2020

Vos élus et représentants syndicaux (RS) CFDT :

Pascal Lefebvre, Lille ; Nancy Gressier, Lille ; Claude Framery, La Fabrique Lambersard ; Bruno Espalieu, Lille ; Yvonne Roehrig, Strasbourg ; Patricia Jomain, Lyon ; Cécile Poure, Strasbourg, et Gonzague Vandamme, Lille (RS)


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