Dès que le vent soufflera

« C’est pas l’homme qui prend la mer, c’est la mer qui prend l’homme » chantait Renaud. À France Télé, c’est pas le salarié qui prend le stress, c’est le stress qui prend le salarié. Et dans les antennes régionales, c’est carrément le naufrage.

On ne compte plus les alertes pour risques graves, les expertises, les enquêtes… Tout indique une souffrance systémique. Mais côté direction, c’est “Dès que le vent soufflera, je repartira”… en ignorant les bourrasques. On n’est plus au cœur des territoires, mais au cœur du déni.

Le rapport CEDAET, commandé pour la rédaction nationale, décrit un management autoritaire, élitiste, discriminant. Mais ce portrait pourrait tout aussi bien s’appliquer au réseau, où les collectifs sont démantelés, certains salariés méprisés, et les arrêts maladie normalisés.

On n’est ni à Manhattan, ni à Kaboul et pourtant en zone sinistrée. « J’ai la vie qui m’pique les yeux, j’ai mon petit cœur qu’est tout bleu”. Ce n’est plus une chanson, c’est un diagnostic RH. Amplitudes horaires délirantes, rythmes de travail effrénés et injonctions paradoxales, les antennes régionales deviennent les laboratoires d’un management vertical, directif, parfois brutal. Et les salariés, des variables d’ajustement.

“C’est quand qu’on va où ?” entend-on dans les couloirs.Les réorganisations s’enchaînent sans cap, sans concertation, ni considération. Les salariés sont sommés de s’adapter, de se taire, de produire. Et ce n’est pas un bonbon qui va adoucir l’amertume.

Ici c’est “Mistral perdant” !Comme à France Télécom. La comparaison n’est pas nouvelle, mais elle devient de plus en plus pertinente. Même logique de casse sociale, même mépris des alertes, même descente aux enfers pour ceux qui croient encore à nos missions de service public.

La CFDT vous met en garde. À force de mépriser la santé, on finit par construire un mur de silence et de souffrance. Les salariés et les téléspectateurs, donc ceux qui justifient vos postes, vous diront bientôt « laisse béton » …