Lundi 13 octobre, par deux fois, sur France 2, à 13h et à 20h, à une date anniversaire hautement symbolique, Dominique Bernard a été confondu avec Samuel Paty.
Dans un off où les deux enseignants, victimes de l’islamisme radical pour avoir simplement exercé leur métier et leur liberté de penser, ont été mélangés.
15 secondes indécentes. Pourtant reproduites, quasi-mot pour mot, le soir-même.
Comment une erreur pareille peut-elle être reproductible à l’identique ? Où sont les garde-fous, les vigiles de l’éditorial, de la véracité et de la déontologie ? Où est l’éthique ? Que se passe-t-il aux éditions du 13h et du 20h ?
Le rapport d’expertise CEDAET, mandaté par le CSE du Siège après l’alerte santé, posée sur cette dernière, nous éclairera peut-être. Sans dévoiler la totalité de ce rapport, qui sera présenté la semaine prochaine, les experts décrivent une rédaction minée par la perte d’autonomie, le manque de reconnaissance et la brutalisation des relations sociales. Le collectif y est dépeint comme « fracturé », les inégalités accrues et la charge de travail insoutenable.
C’est simple : quand les salariés souffrent au travail, leur travail en souffre. Et avec lui, notre image, ainsi que les familles des victimes, témoins de ce naufrage éditorial.
Ce n’est pas la note interne intitulée « Note Suite Erreur », envoyée hier matin par la direction, qui pansera les plaies des uns et des autres. Un ton sec, procédurier, qui évoque « une chaine des évènements » « une chaine de contrôle éditorial » ainsi qu’une « Charte du rectificatif ».
Un vrai travail à la chaine. Du taylorisme audiovisuel, bien cadencé, efficace, rentable. On produit des off comme des conserves, on les place sur la « chaine », on les clone. Sans réfléchir. Pas le temps pour ça.
Dans cette note, pas un mot sur les familles certainement très affectées par ce « ratage ».
Il n’y a pas de raison au fond. Quand on déshumanise à ce point ses collaborateurs, simples rouages de cette grande chaîne industrielle et standardisée, on déshumanise tout le monde. On les fond. On les confond.
La CFDT rejoint ses collègues du SNJ pour demander d’urgence au directeur de l’information une rencontre avec les organisations syndicales.
Nous nous permettrons d’y aborder non seulement la « chaine de validation » mais aussi l’autonomie, le droit à la critique des salariés de cette rédaction nationale. Car un homme (ou une femme) qui réfléchit vaut mieux qu’une chaine qui emboutit.
Et notre chaine, de service public, doit être celle de la réflexion et de l’intelligence. Surtout par les mauvais temps qui courent.