Oh le beau scoop. Ce mercredi soir, en pleine crise politique, Léa Salamé reçoit dans le 20h de France 2, en exclusivité, le Premier ministre Sébastien Lecornu. Un « moment de télé », assurément. Mais sera-ce pour de bonnes raisons ?
Car il règne comme un malaise.
Ce que nous craignons depuis plusieurs mois pourrait se produire : le mélange des genres, l’irruption intempestive de la vie privée pourraient s’inviter sur le plateau. Pourquoi ? Parce qu’hier soir encore, le compagnon de la présentatrice du journal était reçu à Matignon par le Premier ministre dans le cadre des consultations politiques.
Que nous le voulions ou non, nous sommes confrontés à un mélange des genres très malsain. Comme le seront sans doute Léa Salamé et Sébastien Lecornu en direct sur le plateau. D’un côté la vie privée, de l’autre le devoir d’objectivité inhérent au journalisme. Le Premier ministre évoquera-t-il le nom de Raphaël Glucksmann ? S’il le fait, il y aura un malaise. S’il ne le fait pas, il y aura des suspicions. Le piège que nous redoutions se sera refermé sur nous.
Comprenons-nous bien : la CFDT ne met absolument pas en cause la probité journalistique de la présentatrice du journal de 20 heures.
Il serait juste parfaitement naïf et illusoire de croire, qu’en ces temps de suspicions généralisées, d’attaques répétées contre l’audiovisuel public, cet enchevêtrement vie privée / neutralité professionnelle n’entretienne pas un discrédit, ou a minima des doutes, sur notre indépendance.
Il y a quelques mois, alors à France Inter, la présentatrice du 20h avait expliqué dans une interview à Konbini : « Peu importe la question, peu importe la réponse, l’important c’est qu’il y ait un moment. Mon obsession ce n’est pas d’aller chercher ou déceler la vérité, c’est qu’il y ait un moment. Pour moi un bon journaliste c’est quelqu’un qui va faire un moment où il va se passer un truc ».
Ce soir, il y aura assurément un moment. Les détracteurs du service public auront malheureusement peut-être de quoi s’en réjouir. Et s’il était encore temps de s’éviter un moment … de gêne ?