Retour à l’anormal

Quinze petits jours auront suffi pour que les salariés du réseau régional passent de « repos estival » à « burn-out express ». Les bienfaits des vacances ? Évaporés. Les illusions ? Parties en fumée. Et en guise de prime de rentrée : la dénonciation de l’accord collectif, l’automatisation des régies et une désorganisation totale. Ambiance.

Nous voici donc réunit en CSE pour 2 jours de réunion dans une salle où même le matériel, la connexion wifi en particulier, semble hésiter entre fatigue et dépression. Ça promet. Mais le nouveau directeur du réseau, Christophe Poullain reste impassible. Frais comme une carpe.

Nous votons un mandat pour contester en justice la dénonciation de l’accord collectif d’entreprise. Pas de commentaires. Passons.

Le mois dernier, nous étions restés dubitatifs face à un nouvel organigramme aussi obscur qu’incompréhensible et attendions des explications.

Ce mois-ci, c’est donc Philippe Martinetti, le directeur délégué antennes et programmes pour l’offre régionale qui s’y colle en personne : « il s’agit simplement de transferts de la direction de l’info vers la direction du réseau avec la création d’une grande direction numérique liée directement aux 24 antennes régionales ».

Pour résumer, après avoir vidé la direction du réseau, il la remplit à nouveau.

Un principe simple de mécanique des fluides qui n’a ici rien de fluide. Plus de chefs, moins de clarté, et un transfert mystère de la direction du réseau à Marseille, on navigue à vue… sans boussole, sans carte, et en priant très fort la Bonne Mère.

Pour autant, Philippe Martinetti nous l’assure, nous ne devons surtout pas voir « dans cette organisation un plan caché sur une éventuelle filialisation. Personne ici ne sait ce qu’il va se passer dans les mois et années à venir »

12 antennes concernées et à la clé un gain de 15 ETP ! (3 ETP permanents et près de 12 ETP CDDU)

« Il n’y aura pas de réductions de postes mais des jours disponibles », « on libère des ressources » insiste la RH. Pour quoi faire exactement ? Mystère. Mais « oui, il y aura un opérateur de moins en régie et le lissage de l’activité se fera sur les TEVA qui restent » avoue Michaël Friederich, le directeur d’exploitation du réseau.

Seuls impactés, pour l’heure : les techniciens vidéos intermittents qui vont passer de “précaires” à “fantômes”.

Le déploiement d’Overdrive dans le réseau ne sera donc pas anodin. Il concernera dans un premier temps les 12 sites pourvus de régies génération MOSAR (Rouen, Nancy, Reims, Caen, Poitiers, Lyon, Grenoble, Clermont, Toulouse, Rennes, Nantes, Orléans). Les autres antennes attendront le déploiement des régies COSMA dites « IP » qui intègrent nativement les fonctionnalités d’Overdrive.

Avec un mode d’exploitation « courant » mono-opérateur et un mode « occasionnel » bi-opérateur, on ne se fait guère d’illusion, d’autant que les émissions hors JT se font rares. L’introduction de cet assistant signe la fin de l’opérateur serveur.

Le TEVA deviendra « SHIVA » opérant tout à la fois : la mise en images, les serveurs, les info décors, les synthés, les cafés, la serpillère, … Polyvalence 2.0, nous voilà !

La direction reste néanmoins très floue et très prudente sur ses intentions.

La charge de travail devra « être supportable » et « va varier selon chaque antenne »« Le risque c’est la sous-activité » explique l’adjointe à la Directrice des Ressources Humaines du réseau. Bien vu ! Une sous-activité orchestrée depuis longtemps puisque les antennes du réseau ont de moins en moins d’activités. Moins on fabrique, moins on a besoin de personnes, plus on en supprime, moins on est en mesure de produire. Le cercle vertueux des économies.

Objectif affiché : moderniser nos pratiques et clarifier les rôles de chacun en régies mais surtout répondre aux très fortes contraintes économiques.

Les élus du CSE ont voté une expertise (voir ici) pour que l’humain ne devienne pas une variable d’ajustement.

France Télévisions injecte chaque année 2,5 millions d’euros dans Action Logement. Une somme rondelette, censée faciliter l’accès à un toit pour ceux qui font tourner la boutique. Sur le papier, c’est généreux. Dans la réalité, c’est inefficace. Les salariés galèrent toujours à se loger. Certains jonglent entre colocation forcée, trajets interminables, et loyers indécents.

Pourtant, des dispositifs existent, mais restent méconnus.

Résultat : l’entreprise peine à recruter dans certains secteurs et des mobilités internes sont complexifiés comme à Antibes ou Montpellier où l’on réfléchit à deux fois avant d’accepter un poste !

Pire, cela créer des inégalités. On n’est pas logé à la même enseigne à Lille et Marseille, à Paris qu’à Mayotte ou en Polynésie.

Rassurez-vous : la RH promet de “mieux communiquer”. Comme chaque année.

France Télévisions doit aussi anticiper les besoins, notamment lors des projets de développements ou de déménagements (comme à Vendargues ou Nice), afin d’éviter que des postes ne restent vacants faute de solutions d’hébergement accessibles.

Le logement est un enjeu social et stratégique, au cœur des conditions de travail et d’attractivité de France Télévisions et de son réseau régional. Nous, nous en sommes conscients. La direction du réseau l’est-elle ?

Bienvenue à Vendargues (l’un des plus grands pôles de production audiovisuelle de France), ce lieu magique où l’on peut à la fois risquer une intoxication alimentaire et tester ses réflexes en cas d’incendie. Un site qui transforme chaque journée en épisode de “Survivor”.

Côté cantine, un nouveau prestataire est arrivé en septembre 2024 avec des promesses de qualité et de fraîcheur. Sur le papier… pas dans les assiettes. Résultat : des remontées de salariés, des alertes sur l’hygiène, et 7 mois plus tard, un audit qui confirme ce que les estomacs savaient déjà. Manquements contractuels, manquements sanitaires, … ambiance gastro-entérite : le contrat est résilié. Mais le rapport d’audit, lui, reste introuvable. Les élus le réclament, la direction le cache et refuse de le communiquer. Peut-être est-il classé « secret défense immunitaire » ?

Et comme si les repas ne suffisaient pas à faire trembler les salariés, le 16 mai dernier, une machine CNC a décidé de s’embraser à la menuiserie. Un « presque accident » qui a révélé toute une série de dysfonctionnements :

  • Les agents de sécurité ont quitté leur poste… pour aller voir le feu.
  • L’alarme s’est déclenchée 10 minutes après l’évacuation du personnel.
  • Les portes coupe-feu sont restées ouvertes, façon « open space pyromane ».
  • Des salariés continuaient à bosser pendant l’évacuation, sans doute par habitude ou par foi en leur immunité thermique.
  • Le panneau de rassemblement ? Une légende urbaine.
  • Une partie des salariés s’est rassemblée à proximité de la zone ATEX (ATmosphère EXplosive) sans doute sans le savoir…
  • Les pompiers ont galéré à entrer à cause d’une barrière capricieuse, probablement en grève.

Quant aux guides-files et serre-files, la direction explique leur absence par le “turnover du personnel”. Traduction : “On n’a personne, donc on ne fait rien.” Et pour l’exercice d’évacuation ? Le dernier date de 2019. On est censés en faire un tous les six mois. Mais tant que tout dysfonctionne, autant ne pas s’entraîner à sortir.

Les élus ont demandé une enquête conjointe. La direction a refusé. Pourquoi ? Mystère. Peut-être que la réponse est aussi bien cachée que le plan d’évacuation.

Quand tout part en vrille, autant se faire plaisir.

Voilà donc enfin une bonne nouvelle : les cadeaux de Noël passent de 40 à 50 €. 10 € de plus pour oublier le contexte anxiogène de l’entreprise. Ce n’est pas grand-chose, mais ça fait du bien.

Les chèques Culture seront disponibles toute l’année, même pour les CDD (ceux qui restent) dans la limite de 240 € par an.

Et la dotation des antennes augmente de 4 000 €. C’est financé par les réserves de trésorerie, autrement dit : on tape dans le bas de laine pour sauver le moral des troupes !

Votre représentante syndicale et vos élus Cfdt :

Séverine Dangin, Metz ; Pascal Lefebvre, Lille ; Bruno Espalieu, Lille ; Yvonne Roehrig, Strasbourg ; Frédéric Maillard, La Fabrique Sud ; Nicolas Marousez, Amiens ; Olivier Mélinand, Brest.