La haine du service audiovisuel public, c’est celle du débat, de la contradiction, de l’enquête et de la démocratie
La guerre est déclarée. Contre les gabegies de l’audiovisuel public, son partisanisme gauchiasse, son wokisme débridé, ses enquêtes ciblées.
Marine Le Pen exigeant la tête de Delphine Ernotte : ce basculement de la moralité publique en dit long.
Comme Le Pen, drapés d’une cuirasse lustrée qui ne les rend pas plus brillants, ils ont pour arme le mensonge, la mauvaise foi, les pseudos instituts (l’ OID caviardé par le RN et Reconquête), les pseudos experts, une gouaille de bonimenteurs et surtout : une chambre d’amplification énorme.
CNews, Europe 1, le JDD, Valeurs Actuelles participent, tous, à cette circulation circulaire de la désinformation. Des médias d’opinion oui. Une fois n’est pas coutume, nous partageons les propos de Delphine Ernotte.
Ces médias d’opinion sont le relai de l’opinion de leur propriétaire. Vincent Bolloré, représentant d’une France rétrograde, d’un catholicisme ultra-conservateur : xénophobe, misogyne, anti-avortement, liberticide …
Détruire l’audio-visuel public, à grand renfort de propagande, c’est faire taire ceux qui ne rentrent pas dans son moule moyenâgeux, annihiler la contradiction, étouffer la laïcité, tout en espérant tirer de ce paysage audiovisuel recomposé de nouveaux profits, de nouveaux canaux de transmission.
Dans sa croisade civilisationnelle, il peut compter sur un autre chevalier, moins flamboyant mais tout aussi terrible. Jean-Edouard Sterin. Ce milliardaire d’extrême droite a lancé son plan de reconquête des cerveaux avec Péricles ( Patriotes, Enracinés, Résistants, Identitaires, Chrétiens, Libéraux, Européens, Souverainistes) pour faire infuser dans la société les valeurs et les idées qui lui sont chères ainsi que faire gagner au Rassemblement National 300 villes petites et moyennes, en 2026.
Exilé fiscal en Belgique, Stérin tire les ficelles. Il a tenté de racheter Marianne l’année dernière. Heureusement sans succès. Mais ses lobbyistes, son fric, ses ouailles sont partout. La chaine Néo c’est déjà lui. L’école libre de journalisme aussi.
C’est dans ce contexte sombre et délétère que nous, France Télévisions, devons faire la différence.
Nous devons être une digue démocratique.
- Pas en restant neutre quand les faits d’actualité sont implacables (violences policières, Gaza ..)
- Pas en transformant le 20h de France 2 en un journal mou du genou, un brin réactionnaire, ordre et désordres, mâtiné de people. Une soupe tiède servie à l’heure du repas. Surtout pas de vague dans le bouillon.
- Pas en faisant des JT régionaux le miroir déformant d’une France qui fleurerait bon la vieille pierre, les casseroles de cuivre, et les campagnes heureuses.
- Pas en fusionnant France Bleu et France 3 en région au détriment du pluralisme.
- Pas en sous-traitant à gogo des émissions d’informations sur lesquelles, nous n’avons pas la main.
Pour cela, l’Etat, garant des libertés publiques, de la liberté d’expression, doit jouer son rôle en finançant un audiovisuel public fort. Sans argent, notre information est pauvre.
Et puis, dernière chose, à l’heure où les curseurs politiques ont passablement bougé, se voir, comme FTV, accusée d’ « être de gauche » se résume, en somme, à :
- Dénoncer les malversations politiques
- Désosser un par un les mensonges et les vérités alternatives
- Analyser les conséquences d’une politique de la demande et de la rigueur budgétaire
- Déchiffrer les inégalités sociales et de genre
- Traiter inlassablement les violences sexistes, conjugales ou infantiles
- Comprendre la colère sociale
- Informer du génocide en cours à Gaza
- Étudier réellement l’impact des migrations en France
- Être éclairés et humanistes
Alors oui, soit, soyons de gauche si ça vous fait plaisir. Et indignons-nous.
La CFDT continuera à se battre contre la gestion de la présidente de France Télé. Sans complicité, sans arrangements, sans concessions. Mais en externe, la CFDT sera toujours présente pour défendre le principe de l’indépendance de France Télévisions et lutter contre les pressions d’où qu’elles viennent, y compris des égouts.