Petite leçon de management pour les nuls : il est bon de profiter de la période située entre le 14 juillet et le 15 août, lorsque beaucoup sont en vacances, pour annoncer en catimini les mauvaises nouvelles. Il en va ainsi de cette énième marque d’invisibilisation des Outre-mer.
France info l’a décidé : à partir du 25 août prochain, « Outremer l’actu » sera diffusé à… 23h58. Ouf, on était à deux doigts du crime parfait, ou en tout cas à deux minutes de l’heure du crime.
23h58 : un créneau idéal pour ne déranger personne. Dormez braves gens…
23h58 : un créneau invisible, coincé entre l’extinction des feux de la rédaction de la chaîne et le passage de témoin à France 24.
Au-delà de cet horaire confidentiel, il y a un gros problème pour ce journal « d’actu » : pour couronner le tout, le journal sera enregistré à 19h, cinq heures avant sa diffusion. A 19h, il est 13h aux Antilles, 15h à Saint-Pierre & Miquelon ou 7h00 à Papeete.
Il va donc falloir prier pour que rien ne se passe de trop important entre 19h et minuit : pas de cyclone soudain, pas de crise sociale, pas de mobilisation, pas d’éruption, pas d’élection, pas de vie quoi. Une visibilité tardive pour une invisibilité réelle.
L’info “rigoureusement calibrée” promise par les responsables qui assument ce choix, c’est surtout une info mise en boite, surgelée, « désactualisée », et surtout désincarnée. Mais rassurez-vous, c’est un « levier de rigueur éditoriale », en langage managérial. Comme les plats surgelés sont un levier de la gastronomie.
A quel moment, à quel niveau, les Outre-mer ont été associés à ces décisions, à ces non-choix ? La réponse est évidente : pas consultés, pas associés, pas considérés. Une décision prise sans les Outre-mer, pour parler des Outre-mer. Pardon d’exister… Les Outre-mer ne quémandent pas un créneau de consolation, un créneau de dernière minute, mais une vraie place légitime, un vrai respect, une vraie voix, une vraie visibilité.
Un grand et chaleureux remerciement à ceux qui sont censés défendre les projets du pôle Outre-mer et qui acceptent, pour d’obscures raisons, que les Outre-mer soient reléguées tout près de l’heure du crime… Comme un symbole.