De l’art de déguiser la casse sociale en poésie
Ce n’est une surprise pour personne, Delphine Ernotte vient de dénoncer notre accord collectif, en vigueur depuis 2013. Le conseil d’administration l’a suivie ce matin.
Dans un communiqué écrit de sa belle plume de canard col blanc, reprenant le sage Rousseau, le pauvre, la présidente nous présente donc « son nouveau contrat social ».

Un contrat « apparu nécessaire » par « le rythme et la vitesse inédite des transformations à l’œuvre », nous dit-on. Nous, étrange, rien ne nous est apparu, même si, là tout de suite, on aimerait croire aux miracles. Ou alors oui, c’est allé beaucoup trop vite.
La contrainte pourrie
« Le contrat social ». Mais que c’est beau. Un peu daté, mais ça en jette. Des copeaux de langue de bois.
Au vu de la qualité du dialogue social ces cinq dernières années, permettez-nous de douter qu’un tel pacte soit et contractuel et social. Le « dialogue nourri » sera « pourri ». Et le contrat sera contrainte. La contrainte pourrie, c’est tout de suite moins glorieux.
Laissez penser le contraire avec des formules pédantes et pire humanistes, n’est que pure chimère. Duperie. Là, on penche plus vers Machiavel parti en stage chez Trump.
Fait du prince et post-vérité.
Car qu’y a-t-il au juste derrière ce contrat social ? Certainement pas « une adhésion volontaire, qui assure liberté et égalité en échange de l’abandon de ses droits à la communauté ». Il y a très pragmatiquement : des économies.
Encore.
Lao-Tseu plutôt que Rousseau
Alors que nous ne connaissons déjà plus que ce mot dans les antennes du Réseau, des Outremer, au Siège, partout : des économies d’ETP, de matériel, qui ont conduit à un affaiblissement de nos productions internes, de la qualité de nos contenus, de nos marques (Ici), de nos audiences (Ici), de notre santé et enfin de notre moral.
Maintenant, elles vont rogner nos métiers, polycompétents assurément, nos salaires, nos congés. Tout sera remis à plat. Écrasé.
Voyez-vous, ce n’est pas un « contrat social » qui s’annonce. C’est une lutte sociale.
Et plutôt que de lire Rousseau, nous irons plus tôt voir, nous concernant, du côté de Lao-Tseu.
Histoire d’être prêts à monter au front pour défendre nos conditions de travail, ou ce qu’il en reste.
INFO DE DERNIÈRE MINUTE
Déclaration des élus et représentants syndicaux en CSE Central de radio France ce jour, adoptée à l’unanimité des présents :
« Les élus et représentants syndicaux de Radio France réunis en CSE CENTRAL aujourd’hui 10 juillet affirment leur soutien plein et entier à leurs collègues salarié-e-s de France Télévisions et leurs représentants face à l’attaque de leur texte collectif par la direction de leur entreprise, dans un contexte de fragilisation de l’audiovisuel public par l’examen du projet de loi relatif à la création de la Holding France Médias. »