
Lundi 23 mai, le journalisme s’est fait pulvériser par l’IA en lieu et place d’une porte, explosant sans que les arbrisseaux alentours, eux, ne bronchent d’une feuille.
Feuille qu’ils n’ont d’ailleurs même pas puisque la photo originelle, servant de support à ce fake, a probablement été prise en hiver….
À gauche l’hiver, à droite le mois de juin

Le reportage de France 2 consacré au bombardement de la prison d’Evin (Iran) par Israël débute donc avec des mots qui sonnent vrai et des images fausses. Cette image c’est celle de la porte de la prison qui explose, image que nous aurons tout loisir de contempler puisqu’elle sera diffusée trois fois dans le sujet dont une au ralenti.
Des images nous dit-on « captées par une caméra de vidéosurveillance ». Des images qui s’avèrent, in fine, générées par l’IA.
De nombreux médias à travers le monde se sont fait duper hier : Le Monde, Reuters, CNN, The Guardian, et nous France Télévisions. Jamais la circulation circulaire d’une image IA n’a été aussi vertigineuse.
L’erreur est humaine et l’IA ne l’est pas. Cette erreur monumentale doit nous servir de leçon pour l’avenir. Il nous faut être extrêmement prudents, obsessionnels du détail.
Qui plus est quand, dans ce même sujet, nous décidons de soumettre ces fausses images à Noémie Kohler, sœur de Cécile, retenue dans cette prison depuis trois ans. Des images qu’elle commente, la mort dans l’âme. Pour de vrai cette fois. « A priori le portail de la prison se situe environ à 500 mètres de l’endroit où ils sont détenus, c’est extrêmement proche »
Là, et même si la porte sud aurait été bien été atteinte par une explosion, notre faillite est aussi morale.
Nous ne jetons ici la pierre à personne, le travail de reportage dans les zones de guerre est compliqué, les images générées par IA de plus en plus vraisemblables et difficiles à sourcer.
Nous demandons d’abord de la transparence : une explication détaillée en plateau, preuves à l’appui, décortiquer l’image ainsi que le processus de propagation dont elle est issue. Des excuses aussi. Il nous faut être honnête et pédagogue.
Nous profitons aussi de cette erreur pour alerter une fois encore la présidente de FTV sur les dérives de l’IA, sa capacité de nuisance, pour le journalisme et les faits.
Nous aussi, entrons en guerre, contre les propagandes, les fake news, les instrumentalisations de tout bord. Mais pour gagner, il nous faut être bien armés et nous sommes dépourvus. Toujours pas de Charte IA, de commission de surveillance de l’IA, de formations généralisées sur le décryptage des images, nous avons trop peu de spécialistes du débunkage.
Nous sommes faillibles, nous devrions être un bastion.