Décidément, Mme Rachida Dati n’aime pas les journalistes de l’audiovisuel public.
Après avoir traité Elise Lucet de « pov fille » voilà désormais Patrick Cohen l’objet de ses menaces.
Dans une séquence digne des pires dystopies, mercredi 17 juin, sur le plateau de « C à vous », questionnée sur ses liens supposés avec GDF Suez alors qu’elle était députée européenne, Rachida Dati attaque.
Sans jamais répondre.
« Elle est comme ça, Rachida » pouvions-nous entendre dans le Complément d’enquête qui lui était consacré.
Elle est comme ça oui. Violente, adepte des basses manœuvres, des raccourcis et de la réalité relative. Œil pour œil avec Rachida. Casserole pour casserole. Même si certaines relèvent du domaine personnel et les autres de l’intérêt public.
En menaçant, publiquement, un journaliste de poursuites judiciaires sur des faits qui selon l’enquête de Médiapart « pourraient relever du harcèlement moral » et que ce dernier conteste, Dati, ancienne garde des Sceaux, piétine, et la vérité et la justice dont, pourtant, elle a été jadis la ministre.
Coupable Cohen. Coupable de poser des questions légitimes. De faire son métier. Pour le reste, et pour l’heure, il est présumé innocent.
« Est-ce que c’est vrai ? Est-ce que vous harcelez vos collaborateurs ? Est-ce que vous êtes désagréable avec les gens avec qui vous travaillez ? On vous accuse de harcèlement. Est-ce que c’est vrai Monsieur Cohen ? Est-ce que vous pouvez me répondre ?»
Et de poursuivre.
« C’est un délit, Monsieur Cohen », « Vous pourriez aussi tomber sous le coup de ce délit. Il suffirait que je fasse un article 40 pour dénoncer (sic) suite à ce papier de Mediapart. Je peux le faire ».
« Je peux le faire ». Muselage version Corleone. Un abus de pouvoir manifeste sur ce journaliste d’une entreprise dont elle a la tutelle.
Un procédé que la CFDT FTV dénonce. Symptomatique d’un pouvoir politique qui s’assoit de plus en plus sur un principe fondamental de la démocratie : la séparation des pouvoirs.
Bientôt, ne nous leurrons pas, Rachida Dati sera calme en plateau. Il n’y aura plus de chantage. Plus besoin. Avec un directeur de l’information pour toute la holding, il n’y aura plus de questions qui fâchent.
Il n’y aura plus d’esprit critique.
Et Patrick Cohen, Elisabeth Lemoine, qui de toute façon selon Rachida Dati toujours « pleurent toute la journée tant l’ambiance à C à vous est épouvantable », ne seront plus à l’antenne. Ni sur les ondes de la holding.
Une suppression dans les règles.