Le changement, c’est pas maintenant.

Propositions de “réconciliation”

Réconcilier, c’était le thème (gagnant) de votre projet devant l’Arcom, Madame Ernotte.

Nous vous donnons quelques pistes afin que cette réconciliation ne soit pas qu’un argument de campagne ni un vain mot.

Pour se réconcilier Madame Ernotte, c’est simple, il faut que tout change.

Si vous entendez par là celui qui est, avec votre bénédiction, mené à FTV depuis 10 ans, rien ne changera.  

Des CSE avec des Présidents qui regardent leur smartphone plutôt que de répondre aux questions des élus. Des informations retenues parce que « ce n’est pas de votre périmètre ». Des encadrements intermédiaires sommés d’obéir, auxquels on demande de ranger leur avis dans la culotte pour s’asseoir dessus. Des salariés auxquels on impose des “innovations” sans études d’impacts. Projets immobiliers, fusion des rédactions puis projet TEMPO, ICI, Campus, nouvelles technologies et IA … l’agilité nous rend débiles (au sens premier, faibles).

« Seuls le dialogue et l’anticipation lucide peuvent éviter des évolutions brutales.  La transparence est indispensable à toute transformation dans un contexte par ailleurs très chahuté » avez-vous asséné. Pour plus « d’horizontalité », remettez donc tout votre management à plat.

Sous vos mandats, les producteurs se sont goinfrés avec des programmes de flux que nous pouvions produire et fabriquer nous-mêmes.

Les salariés, eux, ont été sommés de penser au déficit, de devenir polyvalents, d’oublier leur accord collectif « obsolète », de travailler plus ou a contrario de faire des bore-out.

Pour cela, on va gommer les noms des chaînes, travailler tous en priorité pour le numérique et bien sûr, revoir nos métiers, nos accords collectifs, nos conditions de travail. C’est ce que vous avez affirmé devant l’Arcom.

 “Il faut rompre avec ce qui nous freine et aller vers de la polycompétence, l’accord de 2013, nous freine. Il faut redéfinir le cadre des métiers, pour faire baisser les frais professionnels et tenir notre activité” 

Les alertes clignotent comme les feux du 14 juillet. La santé des salariés se détériore à vue de stéthoscope, les risques psychosociaux explosent, tout comme les plans d’actions qui tournent à vide. Les salariés font déjà les frais de votre politique, avant même la polycompétence à tout crin.  

Tenir aux salariés est encore le meilleur moyen de “tenir notre activité”

En matière culturelle, il y a de quoi faire : des captations de festivals, des concerts, des spectacles, des émissions… La suppression de deux vidéos mobiles non remplacées tombe bien mal. Non ?

Il n’y aurait donc plus qu’une seule rédaction, qui travaillerait prioritairement pour la chaîne info ? Une chaîne qui a cumulé les bugs dont les salariés sont épuisés – peut être aussi par leur polyvalence, que vous voulez imposer à tous via le dépoussiérage de nos accords.

Vous avez dit vous-même, “le management, c’est la gestion du temps”. Omettant de préciser que c’est, avant tout, celle de l’humain, passons.

Proposer une info « fiable », « impartiale » et « exemplaire », est aussi une gestion du temps.  Et non, selon nous, il ne s’agit pas de “Courir face à l’actualité”. Le temps de l’information, sur le service public, doit être aussi, et peut-être surtout, long.  Recul et analyse. Des journalistes formés sur les questions de fond, planifiés pour creuser, sentir, vibrer. Des JRI spécialistes de l’image et de la sémiologie. Des monteurs qui proposent un regard, sur la construction du sujet.

Fut un temps où, le dimanche matin, les régions fabriquaient et diffusaient un « club de la presse », ou une « heure de vérité » avec la participation des journalistes de France Bleu. Nous travaillions alors, c’est incroyable, ensemble.

Aujourd’hui, en guise de rapprochement, on a du flan. Un GIE aux abonnés absents, des postes de directeurs ou de conseillers, une appli ICI illisible où les doublés sont légion et rarement gagnants, un nom si commun qu’ICI est partout et nulle part à la fois.

Vous souhaitez « basculer les contenus régionaux de France Info vers la plateforme ICI en clarifiant la promesse de cette offre avec un contenu uniquement local dès les prochains mois pour gagner en succès. »

Les contenus régionaux font pourtant le succès de France Info et représentent près de 40% de son trafic. Le site ICI est toujours celui de France Bleu pour lequel, travaillent exclusivement, payés par France TV, une poignée de journalistes qui font du bâtonnage de sujets télé des locales. C’est chouette ouais.

Pour quels résultats ? Quasi nuls en termes d’audience. Que va-t’ il se passer les prochains mois ? Les journalistes numériques de France 3 travailleront-ils tous pour France Bleu ?

La suppression de France Ô a placé les Outremer à la marge de France Télévisions. Le « pacte de visibilité » et une plateforme sans moyens n’ont pas suffi à contenir la dérive.

Les Outremer, pourtant, ces sont des thématiques variées et multiples à exploiter sur nos antennes : du sport, de l’environnement, de l’économie, de la recherche scientifique, un environnement marin, de la montagne, du tourisme, de la gastronomie, de la culture…

Là aussi, il faut que tout change.

Arrêter les déménagements, les flex office, les réorganisations, les nominations sur des postes dont on ne comprend même pas les intitulés, l’intimidation du personnel qu’il faudrait remettre au travail… la liste est longue.

Nous voulons que tout change, dans la gouvernance de cette entreprise, dans la façon de penser nos activités, dans la façon de dépenser nos budgets.

Mais nous ne voulons pas changer. Nous voulons conserver nos acquis sociaux. Nous voulons préserver nos métiers, gage de la qualité de ce que nous produisons. Nous voulons redonner du sens à notre travail, reconstituer nos collectifs de travail, utiliser notre cerveau.

Imaginez un peu …


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