Dans le monde de l’entreprise, il y a les injonctions des actionnaires, l’Etat, chez nous, il y a les moyens qu’ils nous donnent, et il y a ce que nous en faisons. Et c’est là que le bât blesse.
Il y avait, au début des années 2000, la doctrine de « l’entreprise sans usines ». Aujourd’hui, à France Télévisions, c’est l’entreprise sans salariés et sans activité, sans moyens de fabrication et sans vision.
Quand vous décidez, sans explications pertinentes et fondées, de ne pas renouveler deux vidéos mobiles de La Fabrique, alors que la concurrence, elle, investi dans ces moyens et prend notre place sur le marché, nous rendant dépendant du secteur privé… Nous sommes priés de l’accepter.
Quand vous décidez, en Guadeloupe et en Martinique, de supprimer la diffusion en local et de la faire migrer vers le siège, vous ne proposez aucune activité aux salariés concernés.
Quand vous décidez, dans le réseau France 3, de ne pas remplacer les postes vacants, et de privilégier la polyvalence au détriment des métiers existants au nom de la « modernité », vous nous privez des moyens de faire de la « proximité ». « Proximité » que vous semblez d’ailleurs découvrir, puisque c’est ce qui justifie, selon vous, le changement de nom de nos programmes, devenus « ICI ». Sachez, nous vous le disons ICI, que la proximité est notre cœur de métier, en région, depuis des décennies. Et que ce sont vos choix qui nous empêchent de labourer le terrain, d’être au plus proches des gens, de rendre compte de ce qu’ils vivent.
Quand vous décidez de supprimer des éditions nationales, quand vous ne donnez pas les moyens nécessaires à FranceInfo pour permettre aux salariés de travailler dans des conditions correctes, c’est vous qui mettez cette chaine en danger.
Quand vous externalisez à tout va nos émissions, l’info même !, c’est vous qui décidez de vous passer de nos savoir-faire, qui mettez notre image en danger. C’est vous qui permettez que les salariés du réseau régional soient jetés en pâture dans des émissions diffusées par France Télévisions, sous prétexte d’humour. C’est vous qui permettez la diffusion d’images générées par l’IA – des enfants avec 3 bras, la skyline de Cayenne, mais où est le problème, n’est-ce pas ?
Quand vous ouvrez des négociations sur les métiers, et quand forcément, c’est polyvalence et mélange des genres, ne vous étonnez pas que nous y soyons opposés. Parce que les salariés qui viennent travailler tous les jours ont un métier qu’ils ont choisi, dont ils accompagnent les évolutions depuis toujours, et parce qu’ils refusent d’être sacrifiés sur l’autel du « tout le monde sait tout faire ». Et quand nous entendons dire que les organisations syndicales ne sont plus légitimes, ne représentent personne, et que « les salariés ont des envies et veulent s’épanouir », nous rappelons que pour l’épanouissement de deux ou trois salariés, vous en sacrifiez des dizaines d’autres qui eux, souhaitent simplement pouvoir exercer leur métier.
Quand vous remplacez des salariés par de la prestation, le maquillage en région par exemple, vous choisissez d’externaliser et de précariser encore plus nos collègues.
Quand vous déclarez que les jeunes ne sont plus intéressés par nos métiers, qu’ils ne veulent plus mener leur carrière professionnelle dans une seule entreprise, vous occultez le fait que notre entreprise ne leur propose plus rien. Aucune vision de l’avenir, aucune évolution professionnelle, aucune activité intéressante ou épanouissante…
Alors oui, il y a ce que l’on doit faire, et il y a ce que l’on peut faire. Cela, c’est de votre responsabilité. Notre constat est sans appel. Ce que vous faites s’appelle un démantèlement de l’entreprise pour arriver à votre objectif : faire de France Télévisions un éditeur sans salariés et sans moyens de production, une coquille vide, un tiroir -caisse.