Trois semaines après la mise à l’antenne des éditions Ici, nous sommes bien d’accord ; il est trop tôt pour dresser un bilan. Ceci dit, les premiers retours bruissent, gonflent et convergent. Ils sont bien audibles.
Tendez l’oreille.
Dans les boîtes mails, sur les réseaux sociaux nos téléspectateurs grondent. Alors oui, vous nous direz, il y aura toujours des râleurs. Écoutez-les quand même un peu pour voir :
« C’est nul » « Pourquoi tout changer ? Je n’aime pas cette nouvelle version » « Si je veux de l’info nationale je vais sur la 2, adieu !» « Désolé de vous le dire, c’est n’importe quoi ! Je ne vous regarderai plus. » « J’ai 80 ans, je vous ai toujours été fidèle mais là je ne peux plus. »
- Dans les rédactions où les vacations atypiques s’enchainent comme des brochettes, dans les bureaux des scriptes : les dents grincent, les nez soufflent. C’est la petite musique de la fatigue et du stress. C’est la charge mentale qui s’amplifie.
- Sur Mon Kiosque les salariés tapotent. Ils ont compris. Ils rentrent leurs horaires, leurs dépassements. Forfait jour ou décompte horaire. Partout dans les régions, on cherche une manière d’éviter l’épuisement, dans les possibilités que nous offrent les accords et textes légaux. Pour que la fatigue, vous l’ayez sous les yeux, implacable, chiffrée. Assourdissante.
- Entendez-vous nos nouveaux journaux Ici ? Ils sont décousus, faits de pirouettes éditoriales pour faire rentrer des dossiers nationaux obligatoires dans la tranche régionale sans qu’il n’y ait toujours de sens, ni de logique. Qu’importe la ligne éditoriale, « il faut que le travail des journalistes parisiens soit exposé ». Entendez-vous, partout aussi, ces transitions acrobatiques pour passer des nains de jardin au séisme au Maroc ? Ça fait mal aux oreilles et ça sent le bricolage.
- Entendez-vous comme ils sont bavards ? Hub, chroniques, directs, invités à rallonge. Ça parle beaucoup. Parfois pour ne rien dire. Pas le choix, nous n’avons pas les moyens de faire autrement. Finalement, une fusion avec Bleu ne serait pas si difficile. De plus en plus, nous faisons de la radio-filmée.
- Entendez-vous l’exaspération des présentateurs ? Les modules du natio arrivent tard, impossible en région de les regarder, de les lancer correctement et de faire son travail : en vérifier l’exactitude.
- À quoi sert la carte de journaliste des présentateurs s’il leur faut juste passer des plats ? De plats parfois faisandés. Ouille la charte de déontologie.
- Que répondre à cela ? Les audiences d’Ici sûrement. « Qui sont encore fragiles mais globalement plutôt bonnes ». Vous diffuserez certainement une belle communication dans tout le réseau : « Bravo à tous, grâce à vos efforts, votre professionnalisme et votre mobilisation, nous avons réussi le lancement d’Ici. Continuez comme cela blablabla… »
Oh, ce sera sûrement très encourageant pour les salariés.
Sera-ce seulement entendable ?