FONCTION RH, FONCTION EN SOUFFRANCE ?

Le CSE du réseau F3 a voté, lors de sa réunion de mai 2021, une résolution en réaction aux multiples alertes dans le réseau et à la Fabrique en termes de santé des salariés. Ils rappellent aux managers, responsables RH régionaux et leur hiérarchie, à la DRH de France Télévisions aussi, leur responsabilité et leurs obligations de protection de la santé des salariés.

FTV a choisi, il y a une dizaine d’années, d’organiser la fonction RH de façon verticale, la plaçant « à côté » des opérationnels que sont les managers de proximité. Conséquence : les RH, quels qu’ils soient, sont vus seulement comme des soutiens, des appuis, des accompagnateurs, et n’influent pas sur les décisions prises par le management opérationnel ; tout remonte au central RH, puis – pensons-nous -, tout redescend vers le management des rédactions et centres techniques. « Pensons-nous », car en réalité, plus personne ne comprend comment les choses fonctionnent. Et du coup, on voit bien qu’elles dysfonctionnent !

Recrutement, carrières, rémunérations, formation… Les RH ne sont-ils devenus que des passe-plats, bien malgré eux ? Si nous ne doutons pas que la majorité d’entre eux souffre de la situation, nous ne pouvons pas fermer les yeux sur les manquements de certains, qui ont engendré une mise en danger des salariés de leur périmètre.

Aujourd’hui, la direction nous dit que la fonction RH est débordée : trop de reporting, trop de tableaux Excel, trop de règlementaire… trop de questions de salariés. La solution magique, sortie du chapeau : un « agent conversationnel », un chatbot, auquel le salarié pourrait poser sa question (du type : quel délai pour poser une RTT ? combien de jours enfant malade ? Etc.), ceci afin de délester les RH de ces questions récurrentes.

Si nous comprenons que cet outil peut répondre aux questions basiques des salariés – donc oui, pourquoi pas un chatbot ? -, nous craignions que nos IRH, RH ou DRH ne soient plus accessibles. Que leur porte ne se ferme. Qu’ils ne nous voient plus que comme des dossiers, des numéros matricules, affaires à traiter, affaires à classer. Qu’ils ne soient plus présents, plus remplacés, supprimés.

A Poitiers, plus d’IRH depuis 18 mois, deux régions à couvrir pour la RRH, plus de DRH. Ne parlons pas du Grand Est, qui a connu un intérim de 3 ans sur la fonction DRH. Ajoutons à cela des bureaux de directeurs régionaux vides – en Bretagne, à la suite du départ du DR, toujours pas de nomination ; dans le Grand Est, 3 ans d’intérim sur le poste !!!… Mais pas de problème, les salariés pourront converser avec un chatbot.

Est-ce vraiment ce que veulent nos RH ? Ont-ils choisi ce métier pour travailler dans l’abstraction, sur des dossiers ? Nous ne le croyons pas, nous ne voulons pas le croire.

« Il n’est de richesse que d’hommes » : montrez-nous que votre métier, c’est de nous accompagner au quotidien, de nous préparer à l’avenir, de nous protéger, aussi. Vous êtes les gardiens de la règle (le fameux « réglementaire », nos accords, le code du travail, aussi !), les garants du respect de l’équité entre salariés ; ceux qui rappellent et obligent, face au management opérationnel qui bien souvent ne connait pas les règles qui encadrent le travail.

Alors, si vous voulez être reconnus et respectés, si à l’avenir, vous ne voulez plus que les élus d’un CSE de FTV vous soupçonnent d’incompétence… Reprenez votre place dans la gestion au quotidien des services !

Parce que le silence est le langage de l’inertie


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